L'Enfance du Christ, trilogia sacra per soli, coro e orchestra, op. 25


Testo delle parti vocali (nota 1)

PREMIÈRE PARTIE PARTE PRIMA
LE SONGE D'HÉRODE IL SOGNO DI ERODE
LE RÉCITANT
Dans la crèche, en ce temps, Jésus venait de naïtre.
Mais nul prodige encor ne l'avait fait connaïtre;
Et déjà les puissants tremblaient,
Déjà les faibles espéraient,
Tous attendaient...
Or apprenez, Chrétiens, quel crime épouvantable
Au roi des Juifs alors suggéra la terreur,
Et le celeste avis que, dans leur humble étable,
Aux parents de Jésus envoya le Seigneur.
IL NARRATORE
In quel tempo Gesù era nato nella mangiatoia,
ma nessun prodigio l'aveva ancora fatto conoscere;
e già i potenti tremavano,
già i deboli speravano,
tutti aspettavano.
Ascoltate ora, cristiani, che spaventoso delitto
il terrore ispirò al re dei Giudei,
e l'avviso celeste che, nell'umile stalla,
inviò il Signore ai genitori di Gesù.
SCÈNE I SCENA I
Une rue de Jérusalem. Soldats romains faisant une ronde de nuit. Una via di Gerusalemme. Soldati romani fanno una ronda notturna.
MARCHE NOCTURNE MARCIA NOTTURNA
UN CENTURION
Qui vient?
UN CENTURIONE
Chi giunge?
POLYDORUS
Rome!
POLIDORO
Roma!
LE CENTURION
Avancez!
IL CENTURIONE
Avvicinatevi!
POLYDORUS
Halte!
POLIDORO
Ferma!
LE CENTURION
Polydorus!
Je te croyais déjà, soldat, aux bords du Tibre!
IL CENTURIONE
Polidoro!
Soldato, ti credevo già sulle rive del Tevere!
POLYDORUS
J'y serais en effet si Gallus,
Notre illustre Prêteur, m'eût enfin laissé libre.
Mais il m'a sans raison
Imposé pour prison
Cette triste cité pour y voir ses folies,
Et d'un Roitelet juif garder les insomnies.
POLIDORO
Davvero ci sarei se Gallo,
il nostro bel pretore, m'avesse lasciato libero,
ma senza una ragione
m'ha inflitto la prigione
di questa triste città, per vederne le follie,
e per custodire le insonnie d'un reuccio giudeo.
LE CENTURION
Que fait Hérode?
IL CENTURIONE
Che fa Erode?
POLYDORUS
Il rêve, il tremble,
Il voit partout des traîtres, il assemble
Son conseil chaque jour; et du soir au matin
Il faut sur lui veiller; il nous obsède enfin.
POLIDORO
Sogna, trema,
vede ovunque traditori, riunisce
ogni giorno il consiglio, e da sera a mattina
devo vegliare su di lui... un'ossessione!
LE CENTURION
Ridicule Tyran! Mais va, poursuis ta ronde...
IL CENTURIONE
Ridicolo tiranno! ma va', prosegui la ronda...
POLYDORUS
Il le faut bien. Adieu! Jupiter le confonde!
POLIDORO
Devo farlo. Addio! Giove lo confonda!
SCÈNE II SCENA II
L'intérieur du palais d'Hérode Interno del palazzo di Erode
SONGE D'HÉRODE SOGNO DI ERODE
HÉRODE
Toujours ce rêve! Encore cet enfant
Qui doit me détrôner! Et ne savoir que croire
De ce présage menaçant
Pour ma vie et ma glorie...
Ô misère des Rois!
Régner et ne pas vivre!
À tous donner des lois,
Et désirer de suivre
Le chevrier au fond des bois!
Ô nuit profonde
Qui tient le monde
Dans le repos plongé!
À mon sein ravagé
Donne la paix une heure,
Et que ton voile effleure
Mon front d'ennuis chargé...
Ô misère des Rois, etc.
Effort stérile!
Le sommeil fuit;
Et ma plainte inutile
Ne hâte point ton cours, interminable nuit!
ERODE
Sempre quel sogno! ancora quel bambino...
che deve sbalzarmi dal trono! E non saper che credere
del presagio che minaccia
la mia vita e la mia gloria...
Oh miseria dei re!
Regnare e non vivere!
Dar leggi a tutti,
e bramar di seguire
il capriaio nel fitto dei boschi!
Oh notte profonda,
che tieni il mondo
immerso nel riposo!
Al mio petto sconvolto
dona un'ora di pace:
il tuo velo sfiori
la mia fronte greve di tedio...
Oh miseria dei re! etc.
Sforzo vano!
Fugge il sonno;
e il mio inutile pianto
non affretta il tuo corso, interminabile notte!
SCÈNE III SCENA III
POLYDORUS
Seigneur!
POLIDORO
Signore!
HÉRODE
Lâches, tremblez!
Je sais tenir encore une épée!
ERODE
Vili, tremate!
So tenere ancora una spada!!
POLYDORUS
Arrêtez!
POLIDORO
Fermatevi!
HÉRODE
Ah! c'est toi, Polydore.
Que viens-tu m'annoncer?
ERODE
Ah! sei tu, Polidoro!
Che vieni ad annunciarmi?
POLYDORUS
Seigneur, le devins Juifs viennent de s'assembler
Par vos ordres.
POLIDORO
Signore, gli indovini giudei si riuniscono
ai vostri ordini.
HÉRODE
Enfin!
ERODE
Finalmente!
POLYDORUS
Ils sont là.
POLIDORO
Sono là.
HÉRODE
Qu'ils paraissent.
ERODE
Entrino!
SCENE IV SCENA IV
CHOEUR DE DEVINS
Les sages de Judée, ô roi, te reconnaissent
Pour un prince savant et généreux;
Ils te sont dévoués. Parle, qu'attends-tu d'eux?
CORO DEGLI INDOVINI
I sapienti di Giudea, o re, ti riconoscono
principe saggio e generoso;
ti son devoti; parla, che vuoi da loro?
HÉRODE
Qu'ils veuillent m'éclairer, est-il quelque remède
Au souci dévorant qui dès longtemps m'obsède?
ERODE
Che m'illuminino. C'è un rimedio
al tormentoso affanno che da tempo m'assale?
DEVINS
Quel est-il?
GLI INDOVINI
E quale?
HÉRODE
Chaque nuit
Le même songe m'épouvante;
Toujours une voix grave et lente
Me répète ces mots: «Ton heureux temps s'enfuit,
Un enfant vient de naître
Qui fera disparaître
Ton trône et ton pouvoir».
Puis-je de vous savoir
Si cette terreur qui m'accable
Est fondée, et comment ce danger redoutable
Peut être détourné?
ERODE
Ogni notte
lo stesso sogno mi spaventa;
sempre una voce grave e lenta
mi ripete le parole: «Fugge il tuo tempo felice!
nascerà un bambino
che farà sparire
il tuo trono e il tuo potere».
Posso sapere da voi
se questo terrore che m'opprime
è giusto, e come il terribile pericolo
può essere allontanato?
DEVINS
Les esprits le sauront,
Et par nous consultés, bientôt ils répondront.
GLI INDOVINI
Gli spiriti lo sapranno:
da noi consultati, tosto risponderanno.
Évocation cabalistiques des devins Gli indovini compiono evocazioni cabalistiche
DEVINS
La voix dit vrai, Seigneur. Un enfant vient de naître
Qui fera disparaître
Ton trône et ton pouvoir.
Mais nul ne peut savoir.
Ni son nom, ni sa race.
GLI INDOVINI
La voce dice il vero, Signore. Nascerà un bambino
che farà sparire
il tuo trono e il tuo potere.
Ma nessuno può sapere
né il suo nome né la sua stirpe.
HÉRODE
Que faut-il que je fasse?
ERODE
Che devo fare?
DEVINS
Tu tomberas, à moins que l'on ne satisfasse
Les noirs esprits, et si, pour conjurer le sort,
Des enfants nouveaux-nés tu n'ordonnes la mort.
GLI INDOVINI
Tu cadrai, a meno che non si plachino
i negri spiriti e, per scongiurare il destino,
tu non ordini la morte dei bambini neonati.
HÉRODE
Eh bien... eh bien! par le fer qu'ils périssent!
Je ne puis hésiter. Que dans Jérusalem,
À Nazareth, à Bethléem,
Sur tous le nouveaux-nés
mes coups s'appesantissent!
Malgré les cris, malgré les pleurs
De tant de mères éperdues,
Des rivières de sang vont être répandues,
Je serai sourd à ces douleurs.
La beauté, la grâce, ni l'âge
Ne feront faiblir mon courage:
II faut un terme à mes terreurs!
ERODE
Ebbene... ebbene! periscano di spada!
Non posso esitare. A Gerusalemme,
a Nazareth, a Betlemme,
Su ogni neonato s'aggravino i miei colpi!!
Malgrado le grida, malgrado i pianti
di tante madri smarrite
fiumi di sangue scorreranno,
sarò sordo a quei dolori.
La bellezza, la grazia, l'età
non indeboliranno il mio coraggio:
devono finire i miei terrori!
DEVINS
Oui, oui! Par le fer qu'ils périssent!
N'hésite pas. Que dans Jérusalem,
À Nazareth, à Bethléem,
Sur tous les nouveaux-nés
tes coups s'appesantissent!
Malgré les cris, malgré les pleurs
De tant de mères éperdues,
Les rivières de sang qui seront répandues,
Demeure sourd à ces douleurs!
Que rien n'ébranle ton courage!
Et vous, esprits, pour attiser sa rage,
Redoublez ses terreurs.
GLI INDOVINI
Sì, sì: periscano di spada!
Non esitare. A Gerusalemme,
a Nazareth, a Betlemme,
su ogni neonato s'aggravino i tuoi colpi!
Malgrado le grida, malgrado i pianti
di tante madri smarrite
fiumi di sangue scorreranno,
tu resta sordo a quei dolori!
nulla scuota il tuo coraggio!
E voi spiriti, per attizzare la sua furia,
raddoppiate i suoi terrori!
SCÈNE V SCENA V
L'étable de Bethléem La stalla di Betlemme
DUO DUETTO
MARIE
Ô mon cher fils, donne cette herbe tendre
À ces agneaux qui vers toi vont bêlant;
Ils sont si doux! Laisse, laisse-les prendre.
Ne les fais pas languir, ô mon enfant.
MARIA
Oh mio caro figlio, da' quest'erba tenera
a quegli agnelli che ti belano incontro;
sono così dolci! lascia, lasciali brucare,
non farli languire, oh figlio mio!
MARIE, JOSEPH
Répands encor ces fleurs sur leur litière.
Ils sont heureux de tes dons, cher enfant;
Vois leur gaîté, vois leurs jeux, vois leur mère
Tourner vers toi son regard caressant.
MARIA, GIUSEPPE
Spandi quei fiori sul loro strame.
Sono felici dei tuoi doni, caro figlio;
vedi l'allegria, vedi i giochi, vedi la madre
volgere a te lo sguardo carezzevole.
MARIE
Oh! sois béni, mon cher et tendre enfant!
MARIA
Oh! Sii benedetto, mio caro, tenero figlio!
JOSEPH
Oh! sois béni, divin Enfant!
GIUSEPPE
Oh! sii benedetto, divino figlio!
SCÈNE VI SCENA VI
CHOEUR DES ANGES
Joseph! Marie!
Écoutez-nous!
CORO DEGLI ANGELI
Giuseppe! Maria!
Ascoltateci!
MARIE, JOSEPH
Esprits de vie,
Est-ce bien vous?
MARIA, GIUSEPPE
Spiriti di vita,
siete voi?
ANGES
Il faut sauver ton fils, d'un grand péril menacé,
Marie!
GLI ANGELI
Devi salvare tuo figlio dal gran pericolo incombente
Maria!
MARIE
Ô ciel, mon fils!
MARIA
Oh cielo, mio figlio!
ANGES
Oui, vous devez partir
Et de vos pas bien dérober la trace;
Dès ce soir au désert, vers l'Egypte il faut fuir.
GLI ANGELI
Sì, dovete partire
e cancellare l'orma dei vostri passi;
fin da stasera nel deserto, dovete fuggire in Egitto.
MARIE, JOSEPH
À vos ordres soumis, purs esprits de lumière,
Avec Jésus, au désert nous fuirons.
Mais accordez à notre humble prière
La prudence, la force, et nous le sauverons.
MARIA, GIUSEPPE
Fedeli ai vostri ordini, puri spiriti di luce,
con Gesù, fuggiremo nel deserto.
Ma accordate alla nostra umile supplica
prudenza e forza, e lo salveremo.
ANGES
La puissance céleste
Saura de vos pas écarter
Toute encontre funeste.
GLI ANGELI
La potenza celeste
saprà allontanare dai vostri passi
ogni incontro funesto...
MARIE, JOSEPH
En hâte allons tout préparer.
MARIA, GIUSEPPE
In fretta prepareremo ogni cosa.
ANGES
Hosanna! Hosanna!
GLI ANGELI
Osanna! Osanna!
DEUXIEME PARTIE SECONDA PARTE
LA FUITE EN EGYPTE LA FUGA IN EGITTO
OUVERTURE OUVERTURE
Les bergers se rassemblent devant l'étable de Bethléem I pastori si riuniscono davanti alla stalla di Betlemme
ADIEUX DES BERGERS A LA SAINTE FAMILLE ADDIO DEI PASTORI - CORO
CHOEUR DES BERGERS
II s'en va loin de la terre
Où dans l'étable il vit le jour.
De son père et de sa mère
Quïl reste le constant arnour!
Qu'il grandisse, qu'il prospère
Et qu'il soit bon père à son tour!
Oncques si, chez l'idolâtre,
II vient à sentir le malheur,
Fuyant la terre marâtre.
Chez nous qu'il revienne au bonheur!
Que le pauvreté du pâtre
Reste toujours chère à son coeur!
Cher enfant, Dieu te bénisse!
Dieu vous bénisse, heureux époux!
Que jamais de l'injustice
Vous ne puissiez sentir les coups!
Qu'un bon ange vous avertisse
Des dangers planant sur vous!
CORO DEI PASTORI
S'allontana dalla terra
dov'egli vide la luce in una stalla
Sia costante l'amore
del padre e della madre!
Cresca e prosperi,
e sia un buon padre lui pure!
Se presso l'idolatra
si sentirà infelice
fugge la terra matrigna,
ritrovi da noi la felicità!
La povertà del pastore
Resti sempre cara al suo cuore!
Caro bambino, Dio ti benedica!
Dio vi benedica, felici sposi!
Non possiate mai sentire!
I colpi dell'ingiustizia!
Un buon angelo vi avverta
dei pericoli che v'incombono!
LE REPOS DE LA SAINTE FAMILLE IL RIPOSO DELLA SACRA FAfrllGLIA
LE RÉCITANT
Les pèlerins étant venus
En un lieu de belle apparence,
Où se trouvaient arbres touffus
Et de l'eau pure en abondance,
Saint Joseph dit: «Arrêtez-vous!
Près de cette claire fontaine.
Après si longue peine
Ici reposons-nou»
L'enfant Jésus dormait. Pour lors Saint Marie,
Arrêtant l'âne, répondit:
"Voyez ce beau tapis d'herbe douce et fleurie,
Le Seigneur pour mon fils au désert retendit».
Puis s'étant assis sous l'ombrage
De trois palmiers au vert feuillage,
L'âne paissant, l'enfant dormant,
Les sacrés voyageurs quelque temps sommeillèrent,
Bercés par des songes heureux,
Et les anges du ciel, à genoux autour d'eux,
Le divin enfant adorèrent.
IL NARRATORE
I pellegrini erano giunti
in un luogo ameno,
dove erano alberi frondosi
e acqua pura in abbondanza;
disse San Giuseppe: «Fermatevi!
Presso questa limpida fonte,
dopo si lunga pena
riposiamoci!»
Il bambino Gesù dormiva... Allora Santa Maria
fermando l'asino, rispose:
«Vedete quel bel tappeto erboso dolce e fiorito,
per mio figlio lo distese il Signore nel deserto».
Poi, seduti all'ombra
di tre palme dal verde fogliame
l'asino brucava, il fanciullo dormiva
i santi viaggiatori un poco riposarono,
Cullati da sogni beati
gli angeli del cielo in ginocchio all'intorno
adorarono il divino fanciullo.
CHOEUR DES ANGES
Alléluia! Alléluia!
CORO DI ANGELI
Alleluia! Alleluia!
TROISIÈME PARTIE TERZA PARTE
L'ARRIVÉE À SAIS L'ARRIVO A SAIS
LE RÉCITANT
Depuis trois jours, malgré l'ardeur du vent,
Ils cheminaient dans le sable mouvant.
La pauvre serviteur de la famille sainte,
L'âne, dans le désert était déjà tombé;
Et bien avant de voir d'une cité l'enceinte,
De fatigue et de soif son maître eut succombé
Sans le secours de Dieu. Seule Sainte Marie
Marchait calme et sereine, et de son doux enfant
La blonde chevelure et la tête bénie
Semblaient la ranimer sur son coeur reposant.
Mais bientôt ses pas chancelèrent.
Combien de fois les époux s'arrêtèrent!
Enfin pourtant, ils arrivèrent
A Saïs, haletants,
Presque mourants.
C'était une cité dès longtemps réunie
À l'Empire romain,
Pleine de gens cruels, au visage hautain.
Oyez combien dura la navrante agonie
Des pèlerins cherchant un asile et du pain.
IL NARRATORE
Da tre giorni, malgrado l'ardore del vento,
camminarono nella mobile sabbia.
Il misero servo della santa famiglia,
l'asino, era già caduto nel deserto
e, già prima di scorgere le mura d'una città,
il suo padrone sarebbe morto di fatica e di sete
senza l'aiuto di Dio. Solo Santa Maria
camminava, calma e serena, e i capelli biondi
e il benedetto capo del suo dolce bambino
parevano rianimarla, posandole sul cuore.
Ma presto i suoi passi barcollarono
Quante volte si fermarono gli sposi!
Giunsero alfine,
a Sais, ansanti,
quasi morenti.
Era una città da tempo congiunta
all'impero romano,
piena di gente crudele, dal volto altèro.
Udite quanto durò l'agonia straziante
dei pellegrini in cerca di rifugio e cibo.
SCÈNE I SCENA I
Arrivée a Saïs Arrivo a Sais
DUO ET CHOEUR DUETTO E CORO
MARIE
Dans cette ville immense
Où le peuple en foule s'élance,
Quelle rumeur!
Joseph! J'ai peur...
Je n'en puis plus... las!... Je suis morte...
Allez frappez à cette porte.
MARIA
In quest'immensa città
dove tutti s'agitano in folla,
che frastuono
Giuseppe, ho paura!
Non resistopiù... ahimè, son morta...
Andate a bussare a quella porta!
JOSEPH
Ouvrez, ouvrez, secourrez-nous!
Laissez-nous reposer chez vous!
Que l'hospitalité sainte soit accordée
À la mère, à l'enfant. Hélas! De la Judée
Nous arrivons à pied.
GIUSEPPE
Aprite, aprite, aiutateci!
Lasciateci riposare in casa vostra!
Concedete la sacra ospitalità
alla madre, al bambino. Ahimè! dalla Giudea
arriviamo a piedi.
CHOEUR DE ROMAINS
Arrière, vils Hébreux!
Les gens de Rome n'ont que faire
De vagabonds et de lépreux!
CORO DI ROMANI
Indietro, vili ebrei!
Il popolo romano non ha a che fare
con vagabondi e lebbrosi!
MARIE
Mes pieds de sang teignent la terre!
MARIA
I miei piedi tingon di sangue la terra!
JOSEPH
Seigneur! ma femme est presque morte!
GIUSEPPE
Signore! la mia sposa è morente!
MARIE
Jésus va mourir... c'en est fait;
Mon sein tari n'a plus de lait!
MARIA
Muore Gesù... è finita;
il mio seno inaridito non ha più latte!
JOSEPH
Frappons encore à cette porte!
Oh! par pitié, secourez-nous!
Laissez-nous reposer chez vous!
Que l'hospitalité sainte soit accordée
À la mère, à l'enfant. Hélas! De la Judée
Nous arrivons à pied.
GIUSEPPE
Picchiamo ancora a quella porta!
Oh! per pietà, aiutateci!
Lasciateci riposare in casa vostra!
Concedete la sacra ospitalità
alla madre, al bambino! Ahimè! dalla Giudea
arriviamo a piedi.
SCENE II SCENA II
L'intérieur de la maison des Ismaélites Interno della casa degli Ismaeliti
LE PÈRE DE FAMILLE
Entrez, entrez, pauvres Hébreux!
La porte n'est jamais fermée,
Chez nous, aux mahleureux.
IL PADRE DI FAMIGLIA
Entrate, entrate, poveri ebrei;
non è mai chiusa la porta
in casa nostra agli infelici!
Joseph et Marie entrent Entrano Giuseppe e Maria
Grands Dieux! Quelle détresse!
Qu'autour d'eux on s'empresse!
Filles et fils et serviteurs,
Montrez la bonté de vos coeurs!
Que de leurs pieds meurtris on lave les blessures;
Donnez de l'eau, donnez du lait, des grappes mûres;
Préparez à l'instant
Une couchette pour l'enfant
Gran Dio! che miseria!
Prodighiamoci con loro!
Figlie, figli e servi,
mostrate la bontà del vostro cuore!
Lavate le ferite dei loro piedi martoriati
offrite acqua, offrite latte, grappoli maturi!
Preparate presto
un giaciglio al bambino.
CHOEUR D'ISMAÉLITES
Que de leurs pieds meurtris on lave les blessures!
Donnons de l'eau, donnons du lait,
des grappes mûres;
Préparons à l'instant
Une couchette pour l'enfant.
CORO D'ISMAELITI
Laviamo le ferite dei loro piedi martoriati!....
offriamo acqua, offriamo latte, grappoli maturi!
Prepariamo presto
un giaciglio al bambino.
LE PÈRE DE FAMILLE
Sur vos traits fatigués la tristesse est empreinte.
Ayez courage, nous ferons
Ce que nous pourrons
Pour vous aider. Bannissez toute trainte;
Les enfants d'Ismaël
Sont frères de ceux d'Israël.
Nous avons vu le jour au Liban, en Syrie.
Comment vous nomme-t-on?
IL PADRE DI FAMIGLIA
Sui vostri visi affaticati si imprime la tristezza;
su, coraggio, faremo
tutto il possibile
per aiutarvi. Bandite ogni timore
i figli d'Ismaele
sono fratelli dei figli d'Israele.
Noi siamo nati nel Libano, in Siria.
Voi, come vi chiamate?
JOSEPH
Elle a pour nom Marie,
Je m'appelle Joseph, et nous nommons l'enfant.
Jésus.
GIUSEPPE
Lei si chiama Maria,
io sono Giuseppe, e il fanciullo ha nome
Gesù.
LE PÈRE DE FAMILLE
Jésus! quel nom charmant!
Dites, que faites-vous pour gagner votre vie?
Oui, quel est votre état?
IL PADRE DI FAMIGLIA
Gesù! che nome incantevole!
Dite: che fate per guadagnarvi la vita?
Sì, qual'è la vostra professione?
JOSEPH
Moi, je suis charpentier.
GIUSEPPE
Sono falegname.
LE PÈRE DE FAMILLE
Eh bien, c'est mon métier;
Vous êtes mon compère.
Ensemble nous travaillerons,
Bien des deniers nous gagnerons.
Laissez faire!
Près de nous Jésus grandira,
Puis bientôt il vous aidera,
Et la sagesse il apprendra.
Laissez, laissez faire!
IL PADRE DI FAMIGLIA
Ma guarda, è anche il mio mestiere,
siete mio collega.
Lavoreremo insieme,
guadagneremo molto denaro,
credete a me!
Gesù crescerà in casa nostra,
ma presto vi aiuterà,
e imparerà la saggezza,
credete a me!
CHOEUR DES ISMAÉLITES
Laissez, laissez faire!
Près de nous Jésus grandira,
Puis bientôt il vous aidera
Et la sagesse il apprendra...
CORO DI ISMAELITI
Credete a noi!
Gesù crescerà in casa nostra,
ben presto vi aiuterà,
e imparerà la saggezza...
LE PÈRE DE FAMILLE
Pour bien finir cette soirée
Et rejouir nos hôtes, employons
La science sacrée,
Le pouvoir des doux sons!
Prenez vos instruments, mes enfants; toute peine
Cède à la flûte unie à la harpe thébaine!
IL PADRE DI FAMIGLIA
Per finir bene la serata
e rallegrare i nostri ospiti, ricorriamo
alla scienza sacra
al potere dei dolci suoni.
Prendete i vostri strumenti, figli miei: il flauto
insieme all'arpa tebana allontani ogni dolore!
TRIO DES JEUNES ISMAELITES TRIO DEI GIOVANI ISMAELITI
RÉCIT. DUO ET CHOEUR RECITATIVO, DUETTO E CORO
LE PERE DE FAMILLE
Vous pleurez, jeune mère...
Douces larmes, tant mieux!
Allez dormir, bon père,
Doux enfant, tendre mère
Bien reposez,
Mal ne songez,
Plus d'alarmes;
Que les charmes
De l'espoir du bonheur
Rentrent en votre coeur.
IL PADRE DI FAMIGLIA
Voi piangete, giovane madre...
Son dolci lacrime, meglio così!
Andate a dormire, buon padre,
dolce fanciullo, tenera madre
riposate bene,
non temete nulla!
Non più affanni;
le dolcezze
della speranza e della felicità
tornino nel vostro cuore.
MARIE, JOSEPH
Adieu, merci, bon père,
Déjà ma peine amère
Semble s'enfuir.
S'évanouir
Plus d'alarmes.
Oui, les charmes
De l'espoir du bonheur
Rentrent en notre coeur.
MARIA, GIUSEPPE
Addio, grazie, buon padre;
già la mia amara pena
sembra svanire,
dissolversi
non più allarmi,
sì, tornano nel nostro cuore
gli incanti
della speranza e della felicità.
CHOEUR
Allez dormir, bon père, etc.
CORO
Andate a dormire ecc.
EPILOGUE EPILOGO
LE RÉCITANT
Ce fut ainsi que par un infidèle
Fut sauvé le Sauveur.
Pendant dix ans Marie, et Joseph avec elle,
Virent fleurir en lui la sublime douceur,
La tendresse infinie
À la sagesse unie.
Puis enfin de retour
Au lieu qui lui donna le jour,
II voulut accomplir le divin sacrifice
Qui racheta le genre humain
De l'éternel supplice,
Et du salut lui fraya le chemin.
IL NARRATORE
Fu così che un infedele
Salvò il Salvatore.
Per dieci anni Maria, e Giuseppe con lei,
videro fiorire in lui la dolcezza sublime
l'infinita tenerezza
unita alla saggezza.
Poi alfine tornato
nel luogo dov'era nato
volle compiere il sacrificio divino
che riscattò il genere umano
dall'eterno supplizio,
e gli tracciò la via della salvezza.
LE RÉCITANT, CHOEUR
O mon âme, pour toi que reste-t-il à faire,
Qu'à briser ton orgueil devant un tel mystère!
O mon coeur, emplis-toi du grave et pur amour
Qui seul peut nous ouvrir le céleste séjour.
Amen.
IL NARRATORE, CORO MISTICO
O anima mia, che ti resta da fare,
se non spezzare il tuo orgoglio davanti
a un tale mistero!
O cuore mio, colmati di compito e puro amore
che solo può aprirci il celeste soggiorno
Amen.
Traduzione dal francese di Olimpio Cescatti

(1) Testo tratto dal programma di sala del Concerto dell'Accademia di Santa Cecilia,
Roma, Auditorio di Via della Conciliazione, 3 dicembre 2000

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Ultimo aggiornamento 29 agosto 2012